Saint Jean de la Blaquière

Le Patrimoine

Géographie

La source du Puech Bouissou

Mémoire du 15 octobre 1908, par l'architecte J. Mallet, pour l'alimentation en eau potable du village de Saint-Jean avec installation d'une canalisation en fonte
depuis les sources du puech Bouissou (*).

Les habitants de Saint-Jean ne disposent actuellement, pour leurs besoins, que :
1°) d'un puits à ciel ouvert [voir chapitre sur les noms de rue : la fontaine] creusé sur la place publique dans une couche de gravier;
2°) d'une petite fontaine débitant l'eau provenant de simples suintements captés dans des couches de schistes, au centre même de l'agglomération [place du Tilleul, selon le plan cadastral de 1834] ;
3°) d'une pompe montant l'eau du ravin de la Marguerite (**), dont le courant est intermittent, et placée à la sortie du village sur le côté droit de la route de Rabieux, en aval de jardins potagers.
Toutes ces eaux baissent considérablement en été. Elles sont douceâtres et risquent d'être polluées, soit à cause du système de puisage ou de la proximité des maisons d'habitation ou des jardins (...).

(*) Les habitants de Saint-Jean de la Blaquière prononcent habituellement "pié" Bouissou. Dans la langue d'oc, le mot "puech" (étymologie latine : "podium"), connaît de nombreuses variantes : "puèg", "puòg", "pièg", "pioch", "puget", "pujòl", etc.

(**) La Marguerite : "Rivière qui prend sa source aux plans d'Avinens, commune de Saint-Privat. Dans son cours de 12 kilomètres, elle fait aller cinq moulins à blé et arrose onze hectares. Elle passe sur les territoires des communes de Saint-Privat, de Saint-Jean de la Blaquière et du Bosc, et afflue dans la Lergue (...). Un château portait autrefois le nom de cette rivière (...). Il en était de même d'un bois situé près de Saint-Jean de la Blaquière. " - Eugène Thomas, Dictionnaire topographique du département de l'Hérault, Imprimerie impériale, Paris, 1865.
Marguerite : du celte "marga" (marne), et "ritu" (gué).- André Chalaguier, Clermont-l'Hérault et sa région, 1900-1925, Impr. Chalaguier, 1979.

Rapport du 18 mars 1933 sur un projet d'adduction d'eau, par J. Blayac (professeur à l'Université de Montpellier) et J. Estival (ingénieur du Corps des Mines).

La commune de Saint-Jean de la Blaquière est située à 8,5 km à l'est de Lodève. Ce village de 370 habitants est bâti sur les grès rouges du permien supérieur, ou saxonien, qui constituent le relief de la région sur plusieurs kilomètres à la ronde. Ces grès sont désignés dans le pays sous le nom de «ruffes».
A l'est de Saint-Jean, les strates permiennes, d'abord faiblement inclinées vers le nord-est, se redressent à leur contact avec les strates du trias qui se superposent à elles. Le trias, à sa partie inférieure, est formé des grès et des marnes auxquelles succèdent des dolomies et des marnes bariolées, qui elles-mêmes sont surmontées par les grès et calcaires de l'infra-lias.
Les grès permiens ne renferment pas d'importantes réserves d'eaux souterraines. Les villages bâtis sur ces grès en sont réduits à s'alimenter avec des eaux originaires du trias ou du lias qui constituent la base de la table du Causse du Larzac et se terminent en falaise au-dessus du permien.
Saint-Jean est approvisionné en eau potable par une source captée à 2 km à l'est, et à une altitude de 200 m environ, supérieure à celle du village.
L'eau est originaire d'un calcaire dolomitique du trias, ayant pour substratum un horizon de marnes bleues imperméables. Les croquis et la coupe ci-joints donnent une idée de la situation de ce point d'eau.
Le captage n'a pas été poussé assez loin : il est établi dans les éboulis et non dans la dolomie en place. Les blocs entre lesquels émerge la source sont éboulés de la falaise voisine.

Les dolomies aquifères sont subordonnées aux marnes de couleur vive et de grande épaisseur du trias supérieur (Keuper). La nappe se trouve donc dans de bonnes conditions d'isolement tant des eaux souterraines des calcaires sous-jacents, que celles en provenance des calcaires liasique et jurassique de la table du Causse. On sait que ces dernières eaux sont sujettes à la pollution, car elles sont en communication facile avec la surface par les avens et les bétoires qui s'y rencontrent et on peut donc admettre que la source de Saint-Jean de la Blaquière, si elle est captée méthodiquement, doit fournir une eau de qualité bactériologique excellente. Quant à sa qualité chimique, elle doit être nécessairement fonction du milieu calcéréo-dolomitique d'où elle est originaire, et par conséquent très riche en chaux et magnésie. Aussi, la canalisation en fer qui conduit l'eau au village est-elle obstruée par des dépôts calcaires ; c'est ainsi qu'on a dû la briser par places et laisser pendant quelques jours l'eau couler à même le sol.
Le projet devra donc comporter, en plus de la réfection du captage, le remplacement de la conduite par une autre en fonte ou en acier, de plus grand diamètre.

Le débit de la source paraît suffisant pour faire face aux besoins des 370 habitants de Saint-Jean. Au moment de notre passage, à une époque pluvieuse, il est vrai, il atteignait 15 m3 à l'heure. Ce débit, d'après Monsieur le maire de Saint-Jean, est exceptionnel. Cependant il semble, d'après les observations antérieures, qu'on peut compter sur un minimum de 5 m3.
Il n'existe pas, à plus de 4 à 5 km à la ronde, d'eau souterraine de qualité supérieure à celle-ci. La seule autre source qu'on a pu nous montrer est d'un degré hydrotimétrique très élevé, exactement 60°. De plus, elle émerge à une côte plus basse que celle du village. Il faudrait, pour l'uliliser, installer une station de pompage qui serait justifiée si cette eau était de qualité meilleure que l'autre, mais en raison de son degré hydrotimétrique très élevé, il faut, à notre avis, renoncer à son captage.
Dans ces conditions, il est préférable d'aménager la source actuelle (...).

Archives départementales de l'Hérault - 2 O 268 (7 et 8).

Pour quitter Le Patrimoine fermez l'onglet actif (Ctrl+w)